Hommage à un héros
Le 14 juin dernier Monsieur Gilles Lamontagne est décédé à l’âge vénérable de 97 ans. Quoique je m’y attendais, la nouvelle de sa mort m’a beaucoup attristé.
Je remonte dans mes souvenirs au début de mes recherches sur mon oncle le Flight Sergeant Albert Dugal, bomb aimer avec l’escadrille 425 Alouette à Dishforth en 1943. Les deux venaient de Montréal et du même secteur de la ville en plus. Se connaissaient-ils? Cette idée me tracassait beaucoup. Serait-il intéressé à mes recherches, vais-je le déranger lui un héros de guerre, ancien maire de ma ville, ancien ministre fédéral, ancien Lieutenant-gouverneur du Québec?
Moi et mes petites recherches sur mon oncle…
Après plusieurs hésitations, je pris donc mon courage à deux mains et je téléphonai à Monsieur Lamontagne. Après plusieurs coups de sonnerie, j’entends sa voix sur son répondeur. Très mal à l’aise je raccroche immédiatement sans laisser de message. Ouf! je lui téléphonerai plus tard, rien ne presse de toute façon.
Je laissais donc passer plusieurs mois avant de m’essayer de nouveau. Cette fois je suis bien décidé de laisser un message si je tombe encore sur son répondeur. Eh oui, c’est encore le même message sur son répondeur. Alors je m’exécute et laisse mon message. Mon nom, qui je suis, le but de mon appel mon oncle, Dishforth 1943, le 425 Alouette etc, etc.
Soudain Monsieur Lamontagne décroche et il prend mon appel.
D’une voix forte, il me souhaite la bienvenue et me dit que mes recherches l’intéressaient. Avec courtoisie il a répondu à toutes mes questions sur mon oncle. Finalement, non ils ne se connaissaient pas. Il fut touché que quelqu’un comme moi fasse autant d’efforts pour rendre hommage à son oncle mort à la guerre en 1943. Nous nous laissâmes sur la promesse que j’aille le visiter, jaser et prendre un café. J’étais sur un nuage.
Ce n’est qu’un an plus tard que j’ai contactai Monsieur Lamontagne, c’était au sujet de la lettre de Monsieur Corbeil. Il fut convenu que je lui fasse une visite à son condo avec les documents de Monsieur Corbeil. La rencontre a eu lieu un samedi avant-midi. Nous avons passé deux heures ensemble à jaser des évènements de la guerre, de sa carrière, etc. Il m’a fait visiter sa demeure, son bureau, il m’a remis une copie signée de sa biographie.
Je me sentais comme avec un vieil ami.
Imaginez mon émoi, j’étais devant un héros de guerre qui avait vécu ces années, qui avait vu Dishforth, senti le pétrole des avions, piloté les Wellington MK III, c’était en lien avec mon oncle. Par la suite il fut fait prisonnier des Allemands, survivre aux camps, aux marches forcées pendant deux ans. J’étais vraiment impressionné. Quel beau souvenir pour moi.
De cette belle rencontre, qu’est-ce que je retiens?
J’y ai réfléchi longuement. J’ai eu le grand honneur de rencontrer un homme bon. Merçi pour tout Monsieur Gilles Lamontagne.
Je ne vous oublierai jamais.
Jacques Desjardins